Courses de trot

Si le pur-sang est l'aristocrate du turf, le trotteur en est le grand bourgeois. Le trot n'est pas universel; l'Angleterre le dédaigne et des continents comme l'Amérique du Sud l'ignorent ou le pratiquent à peine, mais, très populaire, il fait son chemin, attire des foules croissantes aux Etats-Unis, en U. R. S. S., en Europe, dont, naturellement, la France, pays non seulement d'élevage mais d'exportation du trotteur, où le nombre de courses et d'hippodromes augmente régulièrement.

Les courses au trot ont été instituées en France par un ancien officier des haras, Ephrem Houël, et la première course, en 1836, à Cherbourg, eut un grand retentissement.

L'élevage du trotteur s'est depuis développé et la race a été améliorée.

L'allure artificielle de la course au trot, où il s'agit d'obtenir la plus grande vitesse en empêchant le cheval de prendre le galop, implique un entraînement particulier.

Il ne manque d'ailleurs pas de particularités dans le monde du trot. On y trouve une gamme très variée et parfois pittoresque de propriétaires, depuis les grandes écuries, comparables à celles du plat, jusqu'au petit propriétaire normand, possesseur d'un seul cheval dont il est tout ensemble le propriétaire, l'éleveur, l'entraîneur, le jockey ou le driver.

Le trotteur, suivant son modèle et ses qualités propres, est destiné soit au trot monté, soit au trot attelé au sulky, le premier n'étant guère pratiqué qu'en France.

Le trotteur commence l'entraînement en septembre et est « mis au rond » aux deux mains. Puis il est bridé, sanglé, harnaché, ferré, et on l'exerce aux longues guides en vue de lui faire acquérir l'équilibre et la sensibilité de bouche nécessaires. Il s'agit en effet d'obtenir, de maintenir, puis de perfectionner un mécanisme nouveau, dont l'accélération est poussée à ses limites, et une allure acquise tout à fait étrangère aux animaux près du sang. Les Américains poussent leurs trotteurs aux limites de la battue jusqu'à l'amble (les « pacers »), ce qui, par parenthèse, s'agissant d'une allure de toute manière artificielle, paraît une formule plus rationnelle que le trot à quatre temps ou le traquenard.

En hiver, les longues promenades au trot soutenu visent à consolider les premiers résultats obtenus, et toute velléité de galop est sévèrement proscrite. Au printemps, l'entraîneur s'efforce d'obtenir le rythme régulier du trot, rapide et cadencé, né d'un bon équilibre. Ce dernier est si fragile qu'il peut être utilement influencé par la parure du pied à droite ou à gauche, ou le poids variable des fers avant ou arrière. A l'instar du galop, le poulain est entraîné avec ses aînés, et l'entraîneur l'essaie sur de petits « bouts vite ». Pour le trot monté, les limites de poids sont de 55 kg pour les 2 ans, de 67 kg pour les 5 ans. L'égalisation des chances se fait en outre par des « rendements de distances » des plus forts aux plus faibles, selon les sommés gagnées.

Les mêmes principes directeurs se retrouvent au trot et au galop : patience, progressivité, récupération après les efforts, et entraînement sur des distances en général inférieures à 1 000 m et plus courtes que celle de l'épreuve.

L'évolution de la race du demi-sang français, normande essentiellement, a été, bien entendu, sujette à des expériences menées aussi bien par l'administration des Haras que par des éleveurs privés, parmi lesquels Olry-Roederer, Lallouet, etc.

Les éleveurs importèrent des pur-sang et des demi-sang anglais du type « hunter », ainsi que des trotteurs Norfolk, qui furent croisés avec des juments locales. Les plus célèbres reproducteurs à l'origine de la race sont : l'anglais Young Rattler, né en 1811 et fils d'un étalon de pur sang et d'une mère demi-sang, puis Conquérant, Normand et Lavater, et surtout le petit-fils par les mâles de Young Rattler, Fuschia, né en 1883, dont la suprématie sur les pistes et la fécondité au haras furent également remarquables.

La formation de la race trotteuse française, où le mécanisme et l'influx doivent être conjugués, a été marquée par des apports de sang américain (Sam Williams) et même russe (trotteur Orlov), mais la consanguinité est grande cependant et, actuellement, près des deux tiers des trotteurs français descendent de Fuschia.


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